Avis de recherche
C'était une journée chaude de septembre.
David, itinérant de longue date, vivait dans la ville de Québec. Sa mère était
morte alors qu'il était adolescent, et de plus, il n'avait jamais connu son
père. David aimait bien regarder le ciel, couché sur son banc de parc, il y
vivait déjà depuis quelques années. L'endroit, situé près du Château Frontenac, était magnifique,
les arbres grands, les bancs de bois confortables. Il regarda son pendentif,
qu'il gardait précieusement, car c'était le seul souvenir de sa mère, sa pauvre
mère, qu'il aimait tellement... Puis, la pluie commença à tomber. L'itinérant,
avec sa grosse barbe rousse, dressa une toile pour se protéger de la pluie
froide. Il était très débrouillard pour un vieil homme de 60 ans. Quelques
minutes plus tard, le soleil ressortit et David rangea sa protection dans un de
ses nombreux sacs qu'il avait dans son panier d'épicerie. Il contempla de
nouveau le pendentif...
Une heure plus tard, alors que David dormait
avec le bijou dans sa main, il sentit une pression sur son épaule. C'était
l'agent Richard, un policier bedonnant, qui sentait tellement le parfum qu'on
pouvait facilement détecter son odeur à plus de cent kilomètres à la ronde. Il
baissa ses lunettes et se frotta la moustache, prenant un air sévère.
- Tu quittes immédiatement le parc, la bombe
puante !
David ne pouvait pas répondre, car il était
muet de naissance. Il était vrai qu'il n'avait pas pris de douche depuis
longtemps, il sentait fort et ses dents étaient de la même couleur que les
canards de bain. David sourit au policier.
-Hey! Écoute-moi bien! Tu quittes le parc. Nous
les riches, on n'a pas besoin de pollution visuelle !
David eut peur; il se précipita et ramassa
ses choses. Le son des paroles du policier était très grave. L'itinérant quitta
donc le parc la peur au ventre, avec son panier. Il pensait n'avoir rien
oublié...
Après trente minutes de marche, David eut
besoin de regarder le pendentif pour se rassurer. Il n'aimait pas les foules et
il était devant le Capitole. Les gens formaient une immense marée humaine et David
ne s’y sentait pas très bien. Il chercha le bijou, mais ne le trouva
pas... Son coeur se mit à battre, comme
un marteau piqueur. C'était l'objet de sa vie. Il se dépêcha de retourner au
parc. Malgré la pénombre, il chercha et chercha. Il fit tous les coins du parc.
Le pendentif n'y était pas. Avec la nuit qui arrivait, David décida de se
coucher au parc, sur son banc.
« Le policier n'aura pas le temps de me voir,
» se dit-il.
Il s'endormit et fit des cauchemars durant la
nuit.
Le lendemain matin, l'itinérant se leva tout
étourdi. Il vit l'agent Richard au loin. David se mit à courir avec son panier
pour échapper au policier, mais se remit à marcher quand il vit que l'agent de
la paix, trop lâche pour courir, était plus préoccupé à penser à l'argent de
l'héritage faramineux que son père lui avait laissé à sa mort qu’à la pollution
visuelle d’un itinérant. Le pauvre David était triste. Il se sentait
terriblement mal. Il devait le retrouver au plus vite, son pendentif, sinon...
Il commença à chercher dans les poubelles de la rue Saint-Jean. Il était dur
pour lui de soulever les gros sacs. Il ne mesurait que 160 centimètres et il
n'avait que la peau sur les os. Soudainement, un grondement... Un camion à ordure
arriva. Max, le jeune chauffeur, débarqua de l'engin.
- Bonjour, il y a un problème ?
David sourit au chauffeur.
- Tu sembles chercher quelque chose
d'important , toi !
Une lueur mystérieuse sortit du bleu des yeux
de David.
« Enfin, quelqu'un qui me comprend ! »
Il embarqua dans le camion et, serviable
comme toujours, il aida Max dans le reste de sa tournée.
L'après- midi tirait à sa fin, les deux
hommes arrivèrent au site d'enfouissement. Max descendit le panier de David du
camion. Sans dire un mot, ils se firent une accolade. Max reprit sa tournée, il
ne voulait pas être en retard. David, lui, voulait concentrer ses recherches
ici. Il pensait que le pendentif avait atterri
à cet endroit. Les vapeurs du site étaient nauséabondes. Des goélands
tournaient même autour de l'intinérant. C'était très dangereux. Il y avait des
objets tranchants, et David se devait de faire très attention. Après seulement
quelques minutes, le pauvre se rendit compte que c'était mission impossible. Il
se mit à pleurer comme un bébé. Tentant de s'assécher les yeux, il chercha,
avec ses doigts aux ongles sales, son mouchoir de poche dans ses nombreux sacs.
Il tomba sur le pendentif ! Le soulagement fut immédiat. L'émotion était
tellement forte qu'il dut faire une prière.
La nuit tombée, il était trop fatigué pour
revenir en ville. Il décida de coucher dans l'entrée du dépotoir. David tenait
fortement le pendentif dans ses mains. L'objet était de couleur or, avec une
photo de sa mère à l'intérieur du bijou. Il s'endormit sans souci, avec le plus
grand sourire, soulagé, pour ne plus jamais se réveiller...
Gabriel Bélanger