lundi 16 décembre 2013


Avis de recherche

 

C'était une journée chaude de septembre. David, itinérant de longue date, vivait dans la ville de Québec. Sa mère était morte alors qu'il était adolescent, et de plus, il n'avait jamais connu son père. David aimait bien regarder le ciel, couché sur son banc de parc, il y vivait déjà depuis quelques années. L'endroit,  situé près du Château Frontenac, était magnifique, les arbres grands, les bancs de bois confortables. Il regarda son pendentif, qu'il gardait précieusement, car c'était le seul souvenir de sa mère, sa pauvre mère, qu'il aimait tellement... Puis, la pluie commença à tomber. L'itinérant, avec sa grosse barbe rousse, dressa une toile pour se protéger de la pluie froide. Il était très débrouillard pour un vieil homme de 60 ans. Quelques minutes plus tard, le soleil ressortit et David rangea sa protection dans un de ses nombreux sacs qu'il avait dans son panier d'épicerie. Il contempla de nouveau le pendentif...

 

Une heure plus tard, alors que David dormait avec le bijou dans sa main, il sentit une pression sur son épaule. C'était l'agent Richard, un policier bedonnant, qui sentait tellement le parfum qu'on pouvait facilement détecter son odeur à plus de cent kilomètres à la ronde. Il baissa ses lunettes et se frotta la moustache, prenant un air sévère.

- Tu quittes immédiatement le parc, la bombe puante !

David ne pouvait pas répondre, car il était muet de naissance. Il était vrai qu'il n'avait pas pris de douche depuis longtemps, il sentait fort et ses dents étaient de la même couleur que les canards de bain. David sourit au policier.

-Hey! Écoute-moi bien! Tu quittes le parc. Nous les riches, on n'a pas besoin de pollution visuelle !

David eut peur; il se précipita et ramassa ses choses. Le son des paroles du policier était très grave. L'itinérant quitta donc le parc la peur au ventre, avec son panier. Il pensait n'avoir rien oublié...

 

Après trente minutes de marche, David eut besoin de regarder le pendentif pour se rassurer. Il n'aimait pas les foules et il était devant le Capitole. Les gens formaient une immense marée humaine et David ne s’y sentait pas très bien. Il chercha le bijou, mais ne le trouva pas...  Son coeur se mit à battre, comme un marteau piqueur. C'était l'objet de sa vie. Il se dépêcha de retourner au parc. Malgré la pénombre, il chercha et chercha. Il fit tous les coins du parc. Le pendentif n'y était pas. Avec la nuit qui arrivait, David décida de se coucher au parc, sur son banc.

« Le policier n'aura pas le temps de me voir, » se dit-il.

Il s'endormit et fit des cauchemars durant la nuit.

 

Le lendemain matin, l'itinérant se leva tout étourdi. Il vit l'agent Richard au loin. David se mit à courir avec son panier pour échapper au policier, mais se remit à marcher quand il vit que l'agent de la paix, trop lâche pour courir, était plus préoccupé à penser à l'argent de l'héritage faramineux que son père lui avait laissé à sa mort qu’à la pollution visuelle d’un itinérant. Le pauvre David était triste. Il se sentait terriblement mal. Il devait le retrouver au plus vite, son pendentif, sinon... Il commença à chercher dans les poubelles de la rue Saint-Jean. Il était dur pour lui de soulever les gros sacs. Il ne mesurait que 160 centimètres et il n'avait que la peau sur les os. Soudainement, un grondement... Un camion à ordure arriva. Max, le jeune chauffeur, débarqua de l'engin.

- Bonjour, il y a un problème ?

David sourit au chauffeur.

- Tu sembles chercher quelque chose d'important , toi !

Une lueur mystérieuse sortit du bleu des yeux de David.

« Enfin, quelqu'un qui me comprend ! »

Il embarqua dans le camion et, serviable comme toujours, il aida Max dans le reste de sa tournée.

 

L'après- midi tirait à sa fin, les deux hommes arrivèrent au site d'enfouissement. Max descendit le panier de David du camion. Sans dire un mot, ils se firent une accolade. Max reprit sa tournée, il ne voulait pas être en retard. David, lui, voulait concentrer ses recherches ici. Il pensait que le pendentif avait atterri  à cet endroit. Les vapeurs du site étaient nauséabondes. Des goélands tournaient même autour de l'intinérant. C'était très dangereux. Il y avait des objets tranchants, et David se devait de faire très attention. Après seulement quelques minutes, le pauvre se rendit compte que c'était mission impossible. Il se mit à pleurer comme un bébé. Tentant de s'assécher les yeux, il chercha, avec ses doigts aux ongles sales, son mouchoir de poche dans ses nombreux sacs. Il tomba sur le pendentif ! Le soulagement fut immédiat. L'émotion était tellement forte qu'il dut faire une prière.

 

La nuit tombée, il était trop fatigué pour revenir en ville. Il décida de coucher dans l'entrée du dépotoir. David tenait fortement le pendentif dans ses mains. L'objet était de couleur or, avec une photo de sa mère à l'intérieur du bijou. Il s'endormit sans souci, avec le plus grand sourire, soulagé, pour ne plus jamais se réveiller...

 

Gabriel Bélanger

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